Tu marcheras devant …

(68) Béni soit le Seigneur, le Dieu d’Israël, qui visite et rachète son peuple.
(69) Il a fait surgir la force qui nous sauve dans la maison de David, son serviteur,
(70) comme il l’avait dit par la bouche des saints, par ses prophètes, depuis les temps anciens :
(71) salut qui nous arrache à l’ennemi, à la main de tous nos oppresseurs,
(72) amour qu’il montre envers nos pères, mémoire de son alliance sainte,
(73) serment juré à notre père Abraham de nous rendre sans crainte,
(74) afin que délivrés de la main des ennemis
(75) nous le servions dans la justice et la sainteté, en sa présence, tout au long de nos jours.
(76) Et toi, petit enfant, tu seras appelé prophète du Très-Haut : tu marcheras devant, à la face du Seigneur, et tu prépareras ses chemins
(77) pour donner à son peuple de connaître le salut par la rémission de ses péchés,
(78) grâce à la tendresse, à l’amour de notre Dieu, quand nous visite l’astre d’en haut,
(79) pour illuminer ceux qui habitent les ténèbres et l’ombre de la mort, pour conduire nos pas au chemin de la paix.

Luc 1, 68-79

(Traduction du lectionnaire liturgique en langue française)

Toute la première partie de ce passage (68-75) peut se lire comme la formule d’une certaine expérience de la temporalité. Cette expérience pourrait s’énoncer de la façon suivante :

Tout ce qui précède le présent n’est pas seulement du passé mais aussi de l’anticipé et, à la fois, de l’inachevé. Aussi bien la temporalité est-elle la dimension d’une certaine finalité. La poursuite de cette finalité ne suppose ni la suppression du temps ni son maintien : elle consiste dans le passage à la plus haute puissance d’un événement, le salut, qui se produit en elle et qui est accueilli, au présent, par la foi.

Or, cette expérience, bien singulière, de la temporalité, discernable dans la première partie, structure aussi l’ensemble du passage.

Dès lors, l’avenir, quand il est formellement exprimé par le futur (76) en une deuxième partie, peut s’entendre lui-même encore comme une préparation encore à venir : tu prépareras ses chemins.

Quant à l’événement lui-même, qui est donc, tout à la fois, passé, anticipé, inachevé, préparé, il est actuellement poursuivi, au présent, comme on le fait pour un but assigné – pour…-, ainsi qu’on l’observe dans une troisième partie (77-79). On peut lui donner ce nom de salut (77), dont la notion était déjà présente dans la première partie (69 et 71) : …il a fait surgir la force qui nous sauve… et …salut qui nous arrache à l’oppresseur…

Ainsi le salut, du fait qu’il appartient à une temporalité structurée comme on vient de la décrire, est-il, tout à la fois, entièrement présent et à venir : il est, pourrait-on dire, s’accomplissant, en train.

Clamart, le 18 janvier 2013

 

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