Nous n’avons pas de prix

D’une chose qui n’a pas de prix nous ne dirons pas qu’elle ne vaut rien. Nous ne dirons même pas qu’elle vaut. en réalité, très cher. Nous reconnaîtrons seulement qu’elle n’a pas de valeur marchande.

Ce qui n’a pas de prix échappe au commerce.

Notre vie est une vie vraiment humaine parce qu’elle est faite de certaines conduites que ne commande aucun intérêt. Dans notre vie, tout ne se vend pas, tout ne s’achète pas. Cherchons bien, nous en trouverons de ces conduites, inspirées par la gratuité, c’est-à-dire par la grâce.

Ce qui n’a pas de prix échappe au commerce mais pas à l’alliance. Non, les êtres humains ne s’aiment pas les uns les autres par intérêt. Si tel était le cas, ils montreraient plus de bienveillance mutuelle. Justement, par intérêt bien compris L’amour, dans toutes ses manifestations authentiques, l’amitié, la fraternité, quand ils nous unissent, nous font sortir de l’ordre de la stricte utilité, du règne du donnant donnant. C’est là une merveille qui ne devrait pas cesser de nous étonner.

En tout cas, c’est par là que nous pouvons apercevoir quelque chose de l’amour que Dieu nous porte. il se peut qu’après toute l’indifférence, voire la haine, que nous manifestons à nos frères, nos torts envers Dieu soient irréparables. Et nous pouvons même le penser à bon droit si nous imaginons que Dieu est incapable d’aimer.

Mais si Dieu aime Alors tout change et nous pouvons être sûrs que te don gratuit de Dieu et la faute n’ont pas la même mesure (Epître aux Romains 5,15).
Et c’est peu dire. Car nos fautes peuvent toujours être pesées, évaluées, entrer dans le régime de la dette et de l’obligation. Mais le don de Dieu est étranger à toute appréciation mercantile.

Si telle est notre situation, nous n’avons pas de quoi nous reposer. Mais nous n’avons pas de raison d’avoir peur.
Ne craignez pas ceux qui tuent le corps mais ne peuvent pas tuer l’âme, craignez plutôt celui qui peut faire périr dans la géhenne l’âme aussi bien que le corps (Matthieu 10, 28).

L’âme ? C’est notre amour, la puissance que nous avons, comme Dieu lui-même, d’aimer sans compter, gratuitement.

Oui. Si cette âme venait à mourir, nous devrions être tristes. Mais peut-elle mourir ? Voulons-nous la tuer?

Guy LAFON
Feuille d’informations paroissiales du 23 Juin 2002

Les commentaires sont fermés.