Un Esprit qui fait de vous des fils

Un esclave, autrefois comme aujourd’hui, n’existe pas comme une personne. Il n’est pas quelqu’un mais quelque chose. Si l’on a des égards pour lui, si on l’entretient, c’est comme on ferait pour une machine, à cause de son rendement. On ne s’entretient pas avec lui. Il n’existe pas pour nous ou alors c’est tour nous servir.

L’Esprit que vous avez reçu ne fait pas de vous des esclaves, des gens qui ont encore peur; c’est un Esprit qui fait de vous des fils… (Rom 8,15)

Comment pourrions-nous comprendre ces paroles si nous n’avions entre nous que des relations d’esclavage, si notre fraternité humaine n’était qu’un régime masqué de servitude mutuelle ?Si donc nous voulons nous reconnaître pour ce que nous sommes devant Dieu, pour des fils, non pour des esclaves terrorisés, soyons heureux de pouvoir, avec tous les hommes, nous aimer comme des frères, exister les uns pour les autres dans l’amitié.

Tel est l’enjeu humain de notre foi de chrétiens.

Pour dire et pour comprendre un peu ce que nous sommes devant Dieu et pour Dieu, nous devons commencer par réaliser tristement ce que hélas ! nous pouvons être, ce que nous sommes souvent entre nous : une compagnie d’esclaves.

Avouons qu’il y a de la provocation dans notre foi. Quelle audace, en effet, que de prétendre que nous ne sommes pas seulement enfants de Dieu, que nous sommes ses fils et donc ses héritiers, puisqu’un fils hérite de son père !

Et, pourtant, il en est bien ainsi…. poussés par cet Esprit, nous crions vers le Père en l’appelant: « Abba ! ». C’est donc l’Esprit Saint lui-même qui affirme à notre esprit que nos sommes enfants de Dieu. Puisque nous sommes ses enfants, nous sommes aussi ses héritiers; héritiers de Dieu, héritiers avec le Christ, à condition de souffrir avec lui pour être avec lui dans la gloire. (Rom 8,15-17)… à condition de souffrir avec lui… Mais souffrir de quoi donc ? Souffrir d’être esclave encore et de rendre les autres esclaves. Supporter avec une douleur intolérable que d’autres souffrent de nous et par nous.

Car la souffrance qui naît de la foi, de la foi qui nous unit au Christ, fait de nous des libérateurs de nos frères, à l’image de Dieu lui-même (cf. Dt 4, 32-40)

Guy LAFON

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