Tous, par l’unique Esprit, nous avons été désaltérés

1 Cor 12,13

Quelle tristesse que de n’être qu’une particule, infime, négligeable, dans un immense tout ! Aussi sommes-nous tous emportés parfois par le désir de nous imposer à tous, souverainement, de dominer sur des ensembles, si petits soient-ils, comme si nous en étions le centre vivant. Voilà deux misères humaines, contradictoires, qu’il faut traiter.

Au lieu de la particularité et de la maîtrise, considérer la variété et l’unité. Tel est le secret que nous livre Paul aujourd’hui encore, comme aux Corinthiens autrefois.

Les dons de la grâce sont variés, mais c’est toujours le même Esprit. Puisque chacun de nous est un être singulier, pourquoi s’en affligerait-il, pourquoi en prendrait-il prétexte pour se conduire comme le maître de tous ? Chacun est l’expression unique, incomparable, d’un même Souffle qui n’est pas plus ici que là, puisqu’il anime un seul corps.

La difficulté s’efface donc lorsque, au lieu de se regarder comme un corps, chacun se réjouit, non pas d’être seulement, mais d’être simplement, joyeusement, un membre. En effet, parce que chacun est membre, déjà il est vivant. Nous sommes dans l’illusion, la folie même, lorsque nous voulons être chacun le corps, et le corps tout entier, le corps total.

Prenons une comparaison : notre corps forme un tout, il a pourtant plusieurs membres ; et tous les membres, malgré leur nombre, ne forment qu’un seul corps. Il en est ainsi pour le Christ. Oui, nous avons bien lu : Il en est ainsi pour le Christ. Le Christ Lui-même est quelqu’un d’unique, de singulier, comme chacun de nous. Et, dans le même temps – quel mystère ! – Il n’est pas le corps tout entier, mais Il fait que nous soyons, nous tous avec Lui, un corps, un seul corps.

Et ce corps, c’est peu dire qu’il est vivant. Ce corps, sans cesse, boit à la source. Tous, par l’unique Esprit, nous avons été désaltérés.

Guy LAFON

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