Le berger, c’est le cœur

Sur Jean X, 11-18

Que de fois Jésus s’exprime ici en paraissant se mettre en avant, en marquant qu’il s’agit bien de lui et non pas d’un autre, en disant moi : Moi, je suis le berger… moi, je connais le Père… c’est moi qui pose ma vie ! Mais nous comprenons bien vite que Jésus n’entend pas se recourber sur lui-même, comme s’il se faisait centre. Un berger est-il un centre ?

Non, bien sûr, c’est un cœur. Il ne fait qu’un avec ses brebis. Les ravir, les disperser, c’est le toucher lui-même, c’est le blesser au plus vif. Loin de se garder, de se protéger, il ne peut que s’exposer. Il périra avec ses brebis ou il se sauvera lui-même avec elles. Personne ne peut séparer leur destin du sien.

Si Jésus a pu recourir à la métaphore du berger et des brebis pour parler de lui-même, c’est que déjà nous autres, si préoccupés que nous soyons de nous-mêmes, nous sommes capables néanmoins de ne faire qu’un avec d’autres, de nous perdre ou de nous sauver avec d’autres, jamais tout seuls.

Mais il y a plus encore. Dans cette communauté jusque dans la mort, dans cette union avec d’autres, une alliance inimaginable prend chair et s’exprime. C’est le lien, que rien ne peut briser, entre Jésus et Celui qu’il nomme le Père : Voilà pourquoi le Père m’aime, parce que je pose ma vie, afin de la prendre à nouveau. Oui, la prendre à nouveau, mais non pas la ravir, comme ferait le loup, mais la prendre comme on reçoit ce qui est donné.

C’est jusque là que nous sommes conduits lorsque nous prêtons attention à l’insistance de Jésus à parler de lui-même

18-04-05

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