Comment cet homme-là peut-il nous donner sa chair à manger ?

Sur Jean VI, 51-58

La question posée devrait nous surprendre. En effet, depuis que l’humanité existe dans le monde, que faisons-nous d’autre que de consommer la peine et la vie de nos frères humains, de tous ceux qui travaillent et qui meurent pour que nous vivions ?

Jésus s’inscrit dans la lignée des hommes. Mais il y occupe une place singulière, unique. Celui qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle; et moi, je le ressusciterai au dernier jour. En effet, ma chair est la vraie nourriture, et mon sang est la vraie boisson.

Nous ne sommes pas dispensés de livrer notre vie pour que d’autres vivent. Mais, du fait de Jésus, ce don a un effet que nous ne pouvons pas atteindre par nous-mêmes. Du fait de Jésus, de sa vie et de sa mort, de notre foi en Lui, du sacrement de cette foi, il fructifie en vie éternelle.

Ainsi se trouve assumé, transformé et exalté le geste, désintéressé et très charnel, qui assure la vie de l’humanité. Tel est le pain qui descend du ciel: il n’est pas comme celui que vos pères ont mangé. Eux, ils sont morts; celui qui mange ce pain vivra éternellement.

En définitive, oui, la question posée devrait nous surprendre, mais pas pour la raison que nous avancions tout à l’heure. Car nous n’avons pas à nous étonner que les humains vivent solidairement du don qu’ils font de leur vie les uns pour les autres. Mais, à coup sûr, nous n’irions pas imaginer qu’un tel don puisse nous rendre éternels. Et pourtant il en est ainsi. Puisque cet homme-là, Jésus, donne sa vie, nous pouvons incorporer notre vie à la sienne. Alors dès ce monde, nous vivons d’une vie qui ne passe pas. De même que le Père, qui est vivant, m’a envoyé, et que moi je vis par le Père, de même aussi celui qui me mangera vivra par moi.

Mai 2005
Guy LAFON

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