PATIENTE AVEC MOI, ET JE TE REMBOURSERAI TOUT (cf. Mt 18, 23-35)
Nous demandons qu'on nous laisse du temps. Car le temps est un trésor que nous sommes tous incapables de nous procurer par nous-mêmes. Dans le temps, avec lui, nous pouvons faire bien des choses, travailler, par exemple, et rembourser ce que nous devons. Mais le temps lui-même, nous ne pouvons pas l'inventer, il nous vient des autres et, radicalement, du Tout-Autre, du Seigneur, comme un don. C'est là un grand mystère. Ainsi donc devant quiconque, devant le Seigneur comme devant nos frères, sommes-nous en dette et nous mendions le temps qu'il faudrait pour payer notre dû.
Or, le Seigneur ne nous laisse pas attendre. Il nous donne d'une bien singulière façon le temps que nous réclamons de Lui. Il suffit, en effet, que nous Lui demandions de patienter avec nous, et notre demande est aussitôt entendue, tout délai est immédiatement supprimé. Tout se passe comme si le temps, à la suite de notre supplication, se transformait, en un instant, en grâce.
Il n'en va pas toujours de même entre nous. Pourtant, les autres nous demandent et nous leur demandons que du temps soit laissé. Or, entre nous du temps est bien accordé, mais comme un long délai, vécu dans la peine. Au lieu de se changer, soudainement, en grâce, il dure, jusqu'à ce que l'autre ait remboursé tout ce qu'il devait !
Au lieu d'élargir notre cœur au point que tout de suite, sans attendre, et toujours de nouveau, les autres puissent y entrer, nous les faisons attendre, nous les poursuivons de nos exigences. Cependant, tout comme le Seigneur, nous avons le merveilleux pouvoir de transformer le temps, d'y introduire la grâce, et cela dans l'instant même. Pourquoi donc oublions-nous que nous avons ce pouvoir ?
Guy LAFON