JEAN XIV, 1-6

" Ne soyez donc pas bouleversés... " On dirait que la panique nous saisit parce que nous serions exposés à un grand danger. D'où vient ce danger ? Osons lui donner un nom, avec la lucidité qui inspire la foi en Jésus. Nous pensons que nous sommes en danger parce que notre foi s'arrête à croire en Dieu. Or, d'emblée, Jésus retourne la situation : " Vous croyez en Dieu, croyez aussi en moi. "

Oui, notre foi en Dieu peut nous introduire à la peur. Aussi la tentation peut-elle nous venir de nous débarrasser de cette foi, afin d'être libres de toute peur. Jésus traite cette tentation, comme on fait pour une maladie mais aussi pour l'or. Il nous invite à dépenser cette même puissance de croire vers lui-même qui est là, près de nous, comme l'un de nous - car il est l'un de nous. Alors nous entrerons dans la paix.

Pourquoi ?

Parce que l'humanité de Jésus n'est pas seulement une propriété qu'il aurait en commun avec nous. Il partage avec nous la même humanité en y traçant un chemin. En vivant comme il vit sa condition d'homme il fait une percée à partir de ce monde vers un certain lieu, vers une maison où les places sont nombreuses. Bien plus, il accède déjà à cette maison afin de nous y préparer une place.

" Moi, dit-il, je suis le Chemin, la Vérité et la Vie. " Entendons : en toute vérité, il y a ici même une voie et, en suivant cette voie, nous vivons vraiment. Et cette voie est celle-là même que prit Jésus au milieu de nous. Elle ne lui est pas réservée. Il ne la monopolise pas plus qu'il ne fait pour la demeure vers laquelle il se dirige en vivant comme il vit au milieu de nous. Aussi bien peut-il affirmer: " Pour aller où je m'en vais, vous savez le chemin. " Il suffit donc que nous mettions, comme nous le pouvons, nos pas dans les siens, ici même, sur cette terre où il marche avec nous. Le chemin qu'il a ouvert n'est pas trompeur.

Guy LAFON (22-04-05)